mardi 25 janvier 2011

Distilbène, les cordonniers sont les plus mal chaussés

Les cordonniers sont les plus mal chaussés ! L'apprenti sorcier, nouvel épisode. Distilbène : à lire, surtout si votre mère ou grand-mère s'en sont vues prescrire pendant leur grossesse...


http://www.hhorages.com/audio/interviewMOG_FranceCulture.mp3
Interview de Marie-Odile Gobillard. 

Chercheur en biologie moléculaire (!) au CNRS, elle fut traitée au dilbestrol à doses massives pendant ses deux grossesses (et durant toute leur durée) ; sa fille et son garçon, atteints de troubles psy graves, se sont suicidés l'un et l'autre vers l'âge de 25 ans. Depuis, elle a effectué une recherche qui pointe une corrélation significative chez les enfants entre certains troubles survenant à l'âge adulte qui jusqu'alors n'avaient pas été investigués -psychose maniaco-dépressive, états borderline, anorexie-boulimie, tendances suicidaires-  et la prise par leur mère du DES durant sa grossesse. Un détail : la découverte du DES remontait à 38 et il n'avait pas fait l'objet d'un brevet : les labos se sont donc engouffrés dans le créneau et l'ont prescrit à tour de bras en France à partir de 1950 pour des indications diverses et variées en principe reliées à des risques de fausse-couches... mais aussi diabète, prise de poids excessive voire dans certains cas, pour faire accoucher plus rapidement une femme arrivée presqu'à terme ! (8 mois et demi) le risque étant moindre ou nul lorsque l'expostion était tardive, du moins pour les bébés-rates (!) mais enfin nous ne sommes pas tout à fait des rates et il faut voir.

Un autre détail très peu connu : France où en principe, l'entrée sur le marché du DES date donc de  1950, des femmes s'en sont vues prescrire  dès 1948 -des "précurseurs" en somme c'est à dire des cobayes-... averties (ou non ?) que le médicament-miracle n'était pas encore dans le circuit. Une faveur. En principe les expositions en fin de grossesse seraient sans danger (?!)

Les risques de cancers précoces chez les filles DES étaient connus (vagin, utérus, sein) ainsi que de stérilité, d'inappétence sexuelle (anomalies des organes génitaux, utérus bifides ou trop petits, règles tardives et irrégulières...) mais pas les problèmes psy.. et surtout, les garçons, considérés comme exempts, avaient peu été investigués. Faux : d'après Marie-Odile Gobillard (mais pas seulement) on observe chez eux aussi en proportion significative des anomalies sexuelles légères ou graves (déviation du canal uretral, testicules non descendus, phimosis particulièrement résistant...) De même, à la génération d'après, les problèmes des filles et surtout des fils de mère DES -identiques à ceux de leur mère voire aggravés- étaient totalement ignorés. Ce n'est plus le cas.

Dangereux et interdit au delà des Pyrénées, inoffensif en deçà

Etant donné les risques et son peu d'efficacité, le DES fut interdit chez les femmes enceintes :
en 71 aux USA
en 76, soit 5 ans après ! au Canada
en 77, soit 6 ans après ! en France, Autriche, Pays-bas
en 78, soit 8 ans après ! en Australie
en 81, soit 11 ans après ! en Italie
en 83, soit 12 ans après ! en Hongrie qui décroche le bonnet d'âne sur la question
Cela signifie que, connaissant les risques auxquels avec le DES ils exposaient les femmes -au moins sur une génération- les pouvoirs publics l'ont autorisé et des médecins l'ont largement prescrit pendant 5 à 12 ans dans 7 pays, un prochain scandale comparable à celui du sang contaminé et des hormones de croissance. http://www.mediator-prion-hiv-petits-meurtres-entre-amis-

Naïveté ? Imbécillité ? Méconnaissance ? Volonté délibérée ? Lien entre les donneurs d'ordre, les prescripteurs et les babos pharmaceutiques -je laisse la coquille-? "Is fecit cui prodest",  toujours, celui qui fait [est] celui qui [en] profite. http://www.le-steak-un-plaisir-minime-qui-coute-cher

Lien avec "Cévennes, la médecine toxique" dans "femmes à venir"  http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/05/il-etait-une-fois-une-femme-qui-fumait.html

QUI A DIT QUE LA BIOLOGIE ETAIT UNE SCIENCE ?


Oyez oyez brave gens, une histoire marrante pour finir. Ce n'est pas une aussi lourde blague que ça en a l'air. Soit un chercheur ou un simple médecin travaillant dans un service de tuberculeux, qui observe et notez le, il peut tout à fait être humaniste... ou ne pas l'être, ça dépend..  donc qui observe l'état psychique de ses malades. Heu-reux ! Comme c'est bizarre, en ces circonstances... Un antibio -la strepto- ? Peut-être. Et les voilà aux anges. A voir. Il doit y avoir un truc là dedans qui peut servir. A quoi ? A soigner la dépression pardieu [et il y a de sacrés débouchés coco]... Oups, j'isole le machin, d'accord ça fait des heures sup mais ça vaut le coup pour soulager tant de misères [ou pour me faire un max de blé, ça dépend]. Je l'envoie à un rat, il a l'air d'apprécier et gambade aussi sec... puis à un bébé -rat- idem. Pas mal !
.

Oupss, je pique une série de lapins... qui en bondissent de joie... mais c'est génial ce truc, je refais le bidule, ça MARCHE à tous les coups, juste un mort ou deux [une broutille ils avaient l'air malade avant]... Je poursuis car j'ai de la conscience pro, et hop, je tue les malheureux lapins hilares : ils ont l'air tout ce qu'il y a de normaux à l'intérieur, je recommence histoire de vérifier, du moins si les lapins ne sont pas trop cher car ça coûte, faut pas croire, le fonctionnement d'un labo, et miracle, R.A.S, ça gaze au poil... Je baptise mon truc Lurronal ça le fait bien, ou Félicitol voire plus hard, Serenic et, soutenu par un patron bien lustré, je fais une demande à l'AFSSAPS, ça prend certes du temps avec les vérif et re vérif... c'est que depuis la thalidomide on fait plus ce qu'on veut, il faut dire que... passons, pour une bourde, c'en était une belle, juste un comprimé et... bref, c'est comme ça qu'on a mauvaise réput ensuite... [voir le film remarquable -en 5 vidéos qui se suivent- de Stéphane Horel, Annick Redolfi et Brigitte Rossigneux.]
http://www.dailymotion.com/video/x81cai_teaser-les-medicamenteurs-inedit_news


Note : il y a 10000 victimes de la thalidomide, autorisée en 57, détectée tératogène en 60 et retirée seulement en 61 !

... mais enfin vient le beau jour où tout baigne... et voilà mon bébé sur le marché, [j'ai pris la précaution de prendre un brevet, pas fou]... ou je ne l'ai pas pris car je suis un homme de bien, généreux et bon...  mais en ce cas, c'est plutôt pire : pas de royalties à payer, c'est tout bénef pour les labos qui sautent dessus comme canard sur haneton. C'est prescrit à tout vat --parfois pour une autre indication que celle prévue mais bon, du moment que l'argent rentre dans la boutique, ils ne pinaillent pas--. Une blague? Pas tout à fait. C'est ainsi qu'ont été découvertes et isolées des molécules qui formèrent les anti-dépresseurs dont on sait le succès ensuite. Ce n'est pas forcément funeste, mais parfois, il y a des couacs... [Même avec certains anti-dépresseurs du reste, soupçonnés d'induire des passages à l'acte dramatiques.] Si ça ne s'appelle pas jouer les apprenti-sorciers, alors, on dira comment ?
Voir message suivant "la véritable histoire d'un médicament depuis sa conception jusqu'aux officines de vos villages". 

Tri sélectif et recyclage

Et ce n'est pas tout mes amis, le DES reste encore en circuit, entre autres... pour les messieurs atteints de cancers de la protate... un recyclage de bonne ménagère genre puisqu'on-a-la-recette et les boîtes on va pas jeter...  un essai à tout hasard style on-va-voir-ce-que-ça-leur-fait, au point où ils en sont ils vont pas râler et c'est un marché géant ? Et qu'est-ce qu'il leur fait, le DES, aux vieux messieurs prostatiques? Un élément rassurant tout de même : on est sûr, mais alors absolument sûr qu'ils ne sont pas enceintes. Tranquille de ce côté là.

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